• Frous-frous et férocité

     

    J'ai le plaisir de participer au Challenge XIXème siècle du Manoir aux livres :  il s'agit, comme vous vous en doutez, de faire partager nos lectures d'ouvrages de ce siècle, ou bien dont l'action se situe dans ce siècle. Les films et séries font également partie du challenge.

     

    Voici donc ma première participation !

     

    Frous-frous et férocité

     

    Ces derniers temps, j'ai relu mon roman préféré d'Emile Zola, j'ai nommé Au bonheur des dames ; l'occasion pour moi de vous en parler ! J'ai lu et relu ce roman plusieurs fois depuis une quinzaine d'années, et je ne me lasse pas des différents niveaux de lecture que l'on peut y trouver.

     

    Il y a bien sûr l'intrigue en elle-même, et l'histoire d'amour entre Denise Baudu et Octave Mouret. Elle, provinciale orpheline en quête de travail, dont l'oncle est en concurrence directe avec Le Bonheur des Dames ; lui, implacable propriétaire du Bonheur des Dames, l'un des premiers grands magasins parisien entièrement dédiés aux femmes et à leurs besoins. Vous me direz : encore une romance ? tongue Oui, mais pas que. L'évolution de ces deux personnages sur plusieurs années est intéressante, et aboutit à un jeu de séduction inattendu... Mais, bien entendu, ce n'est pas l'optique principale de Zola.

     

    Ce roman est avant tout une ode à la modernité émergente de la fin du XIXème siècle. Au cœur de l'intrigue, les visées capitalistes du commerce de masse, et un Octave Mouret qui n'est autre que le porte-parole passionné de la fulgurance des temps modernes. La marche du temps, inexorable et sans pitié pour ceux qui restent au bord du chemin, mène la danse jusqu'au dernier chapitre. Et cela mène aussi à des scènes tragiques concernant les commerçants alentour, dont fait partie l'oncle de Denise : des scènes poignantes d'abandon et de lente agonie... Tout n'est pas tout rose, dans cet univers féminin tourné vers la coquetterie et le plaisir des sens ; la noire réalité des pauvres hères parisiens émerge parfois, au fil des pages, entre deux piles impeccables de satin ou de taffetas.

     

    Toute la dualité du roman repose sur ces deux aspects. D'un côté, le monde cotonneux des atours féminins,  bulle illusoire dans laquelle se perdent la plupart des clientes pour fuir leurs mille tracas quotidien. D'autre part, l'impitoyable férocité de la vie, qui mène tout un chacun à monter un jour ou l'autre sur le ring de la lutte pour l'argent et le pouvoir...

     

    Enfin, l'aspect qui me plait le plus est la critique sociale. Du tyrannique chef d'entreprise assoiffé d'argent et de réussite à la cliente asservie à ses propres envies, de l'aristocrate appauvrie devenue kleptomane à l'employé délateur, de l'adolescent transi d'amour non partagé à la maîtresse bafouée, prête à toutes les fourberies pour obtenir sa vengeance, personne n'est épargné ! Les personnages sont tous merveilleusement réalistes, souvent abjects, parfois drôles... Humains, tout simplement. Si certains passages descriptifs sont un peu longs (même très longs, par moments !), les personnages sont vraiment bien campés et pourraient tout aussi bien être transposés dans notre siècle.

     

    En bref, je ne peux que vous recommander cette lecture. wink2 

     

     

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  • Commentaires

    1
    Marie
    Vendredi 28 Novembre 2014 à 14:22

    J'ai lu ce livre à l'adolescence, alors que mon prof de français me conseillait Le rêve du même auteur et j'ai adoré. A l'époque, j'avais été plus sensible à l'histoire d'amour et aux descriptions des fanfreluches qu'à la peinture sociale. Au bonheur des dames est pour moi le meilleur roman de Zola avec Pot-bouille et Germinal.  

    A relire.      

    2
    Vendredi 28 Novembre 2014 à 15:36

    C'est ce que j'aime avec ce roman : il y a plusieurs niveaux de lecture, on n'en garde pas toujours le même souvenir. Après, je n'ai lu que La terre du même auteur, quand j'étais au collège ; je me souviens n'avoir pas trop aimé, mais il faudrait que je le relise aujourd'hui... Je ne connais pas Le rêve, je vais me renseigner ! ^^

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    3
    Marie
    Vendredi 28 Novembre 2014 à 18:12

    La terre est un livre très dur,  à la limite du soutenable. Le rêve n'a pas l'air d'avoir été écrit par Zola: ambiance totalement onirique, style "petite marchande d'allumettes."En même temps, la magie des descriptions vous emporte.   

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